Cette semaine, j’ai envie de vous parler d’Adour. De ce fleuve que l’on nomme Adour.
En ancien gascon, son nom signifie « source » ou « cours d’eau ».
Il a inspiré en langue basque, le mot « adur » qui a pris le sens de « destin », « onde magique ».
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Sortie de confinement à l’embouchure, j’improvise un reportage photo en « flou artistique » illustrant tout simplement l’ambiance du moment.
L’embouchure, cet endroit unique, où l’Adour entame son dernier méandre avant de se jeter à courants perdus dans l’Atlantique. Une rencontre entre deux milieux naturels, entre le fleuve et l’océan, entre l’eau douce et l’eau salée.
D’un côté les cheminées fumantes des usines et le vacarme incessant des grues géantes du port industriel.
Les bateaux de marchandises arrivant de tous les ports du monde, aux noms exotiques et mystérieux…
Sur l’autre rive, le port de plaisance, lui, est le refuge de toute une biodiversité.
Le paysage contraste par son ambiance paisible et pittoresque.
Une petite plage sauvage.
Des ponts de pierres en ruines qui soulignent l’embouchure s’étirant vers l’horizon.
Observer l’envol des canards, entendre le rire des mouettes et s’amuser du couple de goélands que l’on retrouve chaque fin de journée sur les balises signalant l’entrée du port.
La capitainerie, d’un blanc immaculé, est la dernière bâtisse avant l’infini de l’océan.
Son toit offre un perchoir aux moineaux. Ils viennent s’y poser, chaque soir, chantant à tue-tête leur joie d’être là. Mieux que nous autres, ils savent apprécier le spectacle d’un crépuscule à l’embouchure.
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Je suis né quelque part dans les Pyrénées, là où les sources les plus pures jaillissent des roches hercyniennes.
J’ai dévalé la pente, suivi mon chemin à travers le lit d’une rivière, tranquillement, patiemment.
J’ai grandi, parfois bouillonné, soulevé des berges et des troncs d’arbres,
Du torrent je suis retombé en cascade, je me suis changé parfois en lac.
J’ai enlacé des îles et des presqu’îles, bras de terre qui surgissent au milieu de mon lit.
Ne sachant apprécier les méandres de mon cours naturel, les humains ont voulu contraindre mon embouchure vagabonde.
J’ai tenté dans un dernier élan diluvien d’engloutir leurs terres, leurs villes et leurs ports…
Puis j’ai écouté l’appel de cet océan qui, tel l’enfant prodigue, m’accueille d’un amour inconditionnel.
Comme un retour à la source infinie de ma propre existence.
Cette source de vie, invisible et si puissante, qui m’a emmené jusqu’à lui.
« Ce n’est qu’en entrant dans l’océan, c’est alors seulement que la rivière saura qu’il ne s’agit pas de disparaître dans l’océan, mais de DEVENIR OCÉAN. » Khalil Gibran
Je suis la rivière qui descend de la montagne pour se jeter dans la mer.
Je suis la goutte d’écume au sommet de la vague, qui l’instant d’après redevient océan.
Je suis Un et je suis Tout. Je suis moi, et je suis tout cela.
Histoire d’Adour…

Le cours de l’Adour sur OpenStreetMap.
Le saviez-vous ?
L’Adour a souvent changé d’embouchure.
À l’époque glaciaire et jusqu’au Moyen-Âge, il se jetait dans l’océan à Capbreton.
Il a ensuite erré – au gré de l’ensablement de son delta – de Trossoat (devenu le Boucau nau, en gascon ‘nouvelle embouchure’) au Plecq (devenu le Boucau bielh ou Vieux-Boucau).
En 1562, la ville de Bayonne, alors en déclin, obtint de Charles IX de France qu’on lui donnât un accès direct à l’océan. C’est Louis de Foix qui, aidé par une crue providentielle de la Nive, fit réaliser la trouée vers l’océan dans laquelle le fleuve s’engouffra le 25 octobre 1578.
Malgré l’endiguement, l’ensablement de son estuaire crée un conflit de masses d’eau connu sous le nom de barre de l’Adour, qui rend délicat l’accès au port de Bayonne et impose un dragage régulier de la passe.
Source : Wikipedia
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» Marie Berrotte est co-fondatrice du tiers-lieu créatif et écoresponsable Open Gare Biarritz et coordinatrice de l’association Les Chemins de Faire.
Pour notre plus grand plaisir, elle est également LeNouveauGuide de Mai et nous fait découvrir chaque lundi, son univers et les sujets qui nourrissent sa curiosité. «