Laura Daniel

Siegrid Dumas novembre 2020

Maraîchère installée sur Urt, Laura Daniel est Le Nouveau Guide du mois de Novembre.
Pour découvrir ses sujets « coup de cœur » du moment, je suis heureuse de vous inviter à la suivre dés la semaine prochaine !
D’ici là, elle nous partage quelques étapes de sa vie d’avant.
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Laura, raconte-nous un peu de ton histoire, s’il te plait…

Je suis née un 26 février très chaud de 1985 à Bayonne mais c’est à Aroue que j’ai fait mes premiers pas avant que ma famille n’emménage à Pau où j’ai vécu jusqu’à la vingtaine.
Entre campagne, Pyrénées et côte Atlantique, j’y ai passé une douce jeunesse.

Après avoir découvert les plaisirs d’un job d’été comme saisonnière l’année du BAC, j’ai rapidement opté pour l’autonomie financière.
Les études n’étaient pas vraiment pour moi et voguer au gré des saisons me paraissaient être le bon compromis pour rentrer dans la « vie active » qui ne me faisait pas vraiment rêver. Je savais assez bien ce que je ne voulais pas faire mais absolument aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie !
La restauration me correspondait bien, j’aime faire plaisir au gens, qu’ils se sentent à l’aise, qu’il se sentent accueillis comme s’ils étaient chez eux, en terre connue.
Le travail en équipe, quand ça fonctionne bien, peut être très stimulant. J’ose même dire assez jouissif ! Je garde des souvenirs mémorables de cette période !
Faire les saisons, suivre le rythme de la nature, être tributaire de la météo, avoir la chance de découvrir des endroits magnifiques que les touristes visitent durant leurs vacances…
Profiter de l’avant et après saison, travailler intensément pendant une période donnée puis se reposer et vivre. Tout simplement.
Ces activités saisonnières m’épanouissaient, correspondaient totalement à mon tempérament.

Comme tout est question de cycle, c’est à la trentaine que mes activités dans la restauration ont pris fin. J’ai ressentit le besoin de construire un projet qui donne plus de sens à ma vie, en prenant le temps de me questionner profondément.
C’est au cours d’un bilan de compétences que l’agriculture s’est imposée à moi, à surgit !
Je dit bien « surgit » car je n’aurait jamais soupçonné cette voie. Vraiment pas !
Une mauvaise expérience d’ébourgeonnage dans les vignes m’avait -à priori- vaccinée !
Il aura fallut que mon cheminement mûrisse pour que quelques liens m’apparaissent comme évidents !

J’aimais déjà suivre le rythme des saisons, j’étais proches des sujets alimentaires et donc agricoles, je nourrissais des gens…
J’aspirais à vivre en milieu rural pour -un jour- y faire grandir des enfants connectés à la nature.

J’ai voulu très rapidement rentrer dans le vif du sujet et profiter de cette période de « jachère » pour m’investir dans le monde associatif. Un domaine que je n’avais pas encore exploré et qui m’appelait très fort.
Je me suis donc rapprochée des associations les plus proche de chez moi et j’ai pris le temps de me former pour intervenir avec un sentiment de légitimité.

C’est finalement par le biais de la formation que j’ai suivi au CFA d’Hasparren -pour obtenir le BPREA : Responsable d’Exploitation Agricole– que j’ai pu amorcer ma nouvelle vie d’agricultrice !

Le maraîchage m’a tout de suite attirée. D’abord parce que j’adore les légumes ! Mais aussi parce que ce sont des cultures à cycle courts. Nous prenons donc moins de risques qu’en arboriculture par exemple…
C’est grâce au super réseau agricole que nous avons au Pays Basque que j’ai pu m’installer en janvier 2019.
Lurzaindia pour l’achat des terres, BLE (groupement local des producteur bio), ELB (Confédération paysanne), l’InterAmap, EHLG (Chambre agricole alternative), la Fédération Arrapitz et les maraîchers déjà installés qui m’ont fortement soutenue. Comme Quentin d’Hoop -que beaucoup connaissent- et que l’on peut retrouver tous les samedis matin au marché de Bayonne.

Ce qui me plaît le plus dans mon nouveau métier c’est de partir d’une graine, d’élever un plant, de le mettre au champs, d’en récolter les fruits, de les vendre et de voir la satisfaction des gens qui s’en nourrissent.
Quelle simplicité mais quelle magie ! Vous ne trouvez pas ?
Je me lève chaque matin avec l’envie de prouver qu’il est possible de nourrir les gens sainement avec des légumes bio et locaux issus de variétés anciennes. En ayant une vie décente et épanouissante, biensur !
C’est le challenge que je me suis fixé et chaque jour je profite de la satisfaction de m’accomplir dans cette activité rêvée qui se concrétise. Je réalise ce à quoi j’aspirais.
Biensur, ça n’est pas tous les jours facile, mais quand on sait pourquoi on se lève, quand on est mobilisé pour nourrir d’autres humains, ça change tout !

Je cultive mes légumes sur 540 m² sous serres et 2700 m² en plein champs.
Je fait quasiment tous les plants moi-même en utilisant que des variétés anciennes.

Chaque semaine, un groupe de 20 locavores se fournissent chez moi, la crèche de Urt, L’Auberge Etxeberria à Hasparren, La Maison Joanto à Briscous et la Pizzeria le Cibo à Biarritz (l’été) se fournissent chez moi.
On peut également me retrouver le vendredi soir à Urt. Devant la boucherie Capdevielle place du marché.
De temps en temps je livre les cantines des écoles de Urt et de Briscous.
J’ai encore à améliorer mon circuit de distribution mais la demande est de plus en plus important, donc tout suit son cours à bon rythme.

Les prises de conscience actuelles et les actions misent en place sur le Pays Basque me laissent espérer l’installation de nouveaux maraîchers.
Il est temps que notre territoire se rapproche d’une forme d’autonomie. Autant que possible, biensur. La tendance est bonne et des consom’acteurs se réveillent. Mais c’est encore trop timide à mon goût.

J’invite tous les publics à soutenir les paysans d’ici qui s’impliquent, s’engagent, pour une agriculture de « bon sens ». C’est à dire durable, économe et sociale.

J’ai accepté d’être Le Nouveau Guide de ce mois de novembre confiné.
Alors, d’ici une rencontre dans la vie « réelle », c’est un plaisir pour moi de vous partager un peu de mon univers…


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