Pourquoi parler le basque au Pays Basque ?

Linda Charlier janvier 2020

 

C’est vrai ça, pourquoi d’abord ?
Pourquoi parler basque au Pays Basque ? 

 

Même si cela ressemble au titre d’une chanson de Philippe Katerine, cet article est très sérieux …Les chansons de Katerine aussi en fait. J’avais juste envie de vous partager mon opinion et celle d’autres personnes (des locuteurs, des personnalités, des personnes engagées…) sur ce sujet d’intérêt collectif. 

Pour la biodiversité et le climat !
Cela fait quelques années maintenant que je vis au Pays Basque et je suis arrivée à ce constat : ne pas parler basque c’est devenu pour moi comme d’avoir franchi le seuil d’un palace pour rester tourner en rond à son entrée, au niveau de la porte tambour sans jamais la dépasser.
Comment appréhender, la profondeur et la richesse d’un lieu sans s’initier à sa langue ? Ses codes et ses façons de se raconter sont aussi importants que ses reliefs car, au commencement, n’y a-t-il pas le verbe ? La pensée précède la parole (dans le meilleur des cas) et la parole façonne la matière.

Quel meilleur moyen de témoigner ma gratitude aux gardiens de cet Eden, que d’apprendre leur langage ? Peut-on aimer sans engagement ?  Comment lutter contre la fatale uniformisation des choses ?

L’objet du défi est un territoire qui dessine ses frontières par la langue : le Pays Basque est l’endroit où l’on parle le basque. Cela semble une raison suffisante pour parler Basque au Pays basque, non ? Que l’on soit touché par la poésie de cette situation ou pas.

Célébrer la douceur d’un lieu et dans le même temps ne pas contribuer à préserver son plus éclatant particularisme est un sport auquel je ne souhaite plus m’adonner : trop fatigant, trop frustrant. Je préfère mille fois apprendre et parler le basque réputé difficile (mais tellement moins que le francais!).

En plus je n’ai plus le choix mes deux petites seront euskaldun, c’est devenu notre projet familial. Vive l’Ikastola, le faire ensemble et la convivialité de cette école qui a pour but principal d’apprendre et se développer en basque!

J’ai appris récemment, au détour d’un entretien pour intégrer un stage intensif de langue basque, que ce que je prenais pour mon intuition, était partagé et avait déjà fait l’objet d’études : il existe une corrélation entre la préservation d’une langue et la préservation de la biodiversité d’un lieu.

Ce résultat qui saute aux yeux sur les cartes au niveau mondial est expliqué scientifiquement par les ethnobotanistes: une langue autochtone vivante, garantit la transmission de savoirs traditionnels (ou endogènes), une connaissance plus précise de l’environnement qui l’a vue naître. C’est une véritable encyclopédie orale qui permet la perpétuation des bonnes pratiques pour la gestion des ressources animales et végétales.

Cette écologie traditionnelle est indispensable face à nos enjeux climatiques actuels. Sauve ta planète : parle le basque au Pays Basque, le breton en Bretagne, le créole, le bushi-tongo, l’arawak, le palikur, le kali’na, le wayana, le wayampi, l’émerillon (liste non exhaustive) en Guyane Francaise !

Linda Charlier, journaliste et étudiante en langue basque dans le cadre de la formation professionnelle

 


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