Logement > Devenons usufruitiers !

Le Guide du mois avril 2020

La location ou le rapport dominant/dominé. L’usufruit, un retour de dignité.

Le logement est organisé autour de deux modes. Chacun de nous est locataire ou propriétaire.
Le propriétaire a la possibilité de vendre son bien (abusus), d’y loger (usus) ou de le mettre en location et en tirer ainsi un revenu (fructus).
Le locataire paye pour se loger.

De notoriété publique, les lois protègent le locataire, au risque de les déresponsabiliser et la vie du bailleur est administrativement compliquée, les plus fragiles jetant l’éponge.
Au-delà de cette considération, lorsque, par raccourci sémantique, le bailleur dit « mon locataire » ou le locataire « mon propriétaire », l’on comprend bien qui, de l’un, pourrait appartenir à l’autre, comme un glissement du droit de propriété du bien jusqu’à celui qui l’occupe.

Il y a, au premier jour du contrat, la main qui donne la clef et celle qui la reçoit. L’une surplombe l’autre.
Nous sommes dans un rapport de subordination possédant/possédé. Car le possédé est bien celui qui se lèvera tous les matins pour donner un peu de son mois au possédant.

L’accession à la propriété devient de plus en plus compliquée (précarisation des parcours professionnels, variation des périmètres familiaux, enchérissement du prix du logement/m²). Les statistiques font apparaître que le nombre de locataires augmente (En Pays Basque plus qu’en France, voir plaquette Etxalde : « Se loger en Pays Basque ! »).

Allons-nous vers un monde de locataires ?

Lorsque l’on connait la précarité économique de ces derniers (20% vivent sous le seuil de pauvreté, contre 6% des propriétaires), doit-on voir ce statut comme une solution socialement porteuse d’avenir ?

Une partie de la population travaille 40 % de son temps pour financer la vie de propriétaires de murs.

Cela est-il moral ? Bon, nous ne sommes pas ici pour une leçon de morale !
Cela est-il républicain ? Liberté-Egalité-Fraternité. Bon, l’Egalité est peut-être égale à la somme des inégalités, ou la Fraternité abrite certainement petits et grands frères !

Si l’humain doit libérer son potentiel, son énergie, sa créativité, il ne peut être subordonné à son prochain, dans un rapport de vassal à suzerain encore médiéval.

Imaginons et construisons une société ou l’enrichissement ne se fait pas au dépend de son prochain. La richesse matérielle demeurera identique. La richesse culturelle, celle qui lie et relie les Hommes en sera multipliée.

Les outils existent. Les textes sont écrits, près à l’adaptation. Commençons-en une lecture et une mise en œuvre collective !
Nous pouvons créer en Pays Basque un nouveau statut d’habitant. Celui d’usufruitier.

Réunion de l’usage et du fruit, la possibilité de se loger et de restituer au Commun un espace valorisé, en fin de vie.
L’usufruit est certainement une des pistes majeures de mode d’occupation à développer dans les mois qui viennent.

Il nous a abrité durant des millénaires. Actualisons-le, partageons-le avec nos nouveaux voisins. Il rendra certainement toute son adresse à l’Homme.

Beñat ETCHEBEST
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Il y a une quinzaine d’années, une cinquantaine de personnes a créé l’association Etxalde.
La finalité : acquérir des biens au nom de cette structure pérenne et en confier l’usage aux habitants.
Une fois payés, ces biens ne sont plus à refinancer par les générations futures !


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